Portrait d’une designer aux multiples facettes… un peu alchimiste !
Tout juste installée à Lodève, Sandrine m’accueille avec modestie dans son appartement/atelier intimiste du centre, en cours d’aménagement, encore clairsemé de cartons, pour me parler de son univers insolite.
Une créativité hors limite qui regorge d’ingéniosité et d’idées libres pour parvenir à upcycler des matières, à détourner des objets, à repenser des concepts dans l’unique but de transformer l’ordinaire en extraordinaire.
Si cette petite fille modèle, curieuse et rêveuse se voyait « dessineuse », ce n’était pas pour inventer des mots, mais parce que coulait en elle ce besoin de redessiner les contours d’un monde meilleur.
Une aptitude manuelle héritée de son arrière-grand-mère et de sa mère, deux bricoleuses astucieuses, qui faisaient briller ses yeux d’enfant et avaient à cœur de ne rien jeter.
C’est lors d’un voyage au Cameroun, terre de diversités inspirée par une culture où la récup’ est reine, qu’elle posa son regard créatif.
Alors germa l’idée de mettre son savoir-faire dans le design industriel au service de l’artisanat local. Installée en Afrique, elle aidera durant 20 ans les populations à réutiliser les ressources existantes, humaines ou matérielles, à réapprendre, à revaloriser différemment, et à améliorer leur quotidien.
Se réapproprier des chambres à air usagées pour concevoir des trousses et des sacoches fut sa première mission. C’est à Marrakech, haut lieu de l’artisanat qu’elle tisse des liens très forts avec les Marocains. Elle collaborera avec des fabricants, des experts et des ouvriers talentueux pour faire émerger son dernier projet, qui l’anime encore aujourd’hui. Elle a créé une filière de recyclage de ceintures de sécurité issues de l’automobile ou l’aviation, destinées à être jetées.
Sous la marque Alinfini elle confectionne des sacs, des pochettes, des coussins, et des accessoires haute couture. Résistantes, lavables, écoconçues, aux couleurs apaisantes, toutes ses créations intemporelles, immuables, teintées d’originalité sont réalisées avec beaucoup de goût.
Comme une invitation à réconcilier l’utile et l’agréable.
Il y a dans ce détournement, cette mutation une sorte de métaphore du lien, de la liaison et de l’attachement que Sandrine aime avant tout.
Tout est lié, tout nous lie, nous relie, nous maintient, nous contient, tout se réemploie, se modifie, renait pour nous offrir de nouvelles perspectives.
Une vision élargie et lucide de ce qui nous entoure permet de faire émerger en elle des liens de causalités entre les ressources et les hommes. Cette vue d’ensemble apparaît nécessaire, à l’imbrication d’éléments entre eux pas forcément compatibles, à la connexion des gens et aux partages des savoirs pour finalement créer une planète plus solidaire, plus harmonieuse.
Cette boulimique de la vie a atterri à Lodève, une ville d’art, de passion au tissu associatif dense pour faire jaillir des idées novatrices… le hasard n’existe pas !
Elle étudie la faisabilité, les solutions et les potentiels débouchés pour upcycler les matériaux des pompiers d’Occitanie. Éclosion d’un nouveau projet qui risque bien de nous enflammer.
Elle est la preuve qu’il faut suivre sa vocation, se faire confiance et que ça vaut le coup d’essayer.
Rien n’est impossible !
À travers son mantra : « plus il y a de contraintes, plus il y a de créativité », son histoire nous enseigne que si on veut on peut et si on peut on doit.
Je retiendrais de cette interview que la magie existe vraiment à qui sait observer.
Je pense à Charles Perrault, un alchimiste visionnaire. Dans son conte Cendrillon, une servante se transforme en princesse et une citrouille en carrosse, si ça, ce n’est pas de l’upcycling !
Sandrine expose ses produits sous sa marque Alinfini (une jolie signification) à l’office du tourisme de Lodève.
Tous ses articles sont en vente sur son site : alinfini.bigcartel.com
Delphine Fauvernier